Par Katia Nunes

 

 

8 jeunes Français, 8 Allemands et 8 Polonais ont pu faire connaissance le 19 Février dernier à l’INJS, dans le 5e arrondissement de Paris. Fondé en 1791, cet établissement n’est pas uniquement une école pour sourds ou malentendants, c’est également un pensionnat qui accueille des jeunes de Paris, mais également de toute la France. Ils y ont cohabité jusqu’au 26 février. L’objectif de cette rencontre ? Faire découvrir la ville de Paris à de jeunes allemands et polonais mais aussi, et surtout réfléchir ensemble à une question : „être jeune sourd ou malentendant en 2018, ça veut dire quoi ?“ Ils ont décidé d’y répondre par une exposition avec des photos et un petit film, qu’ils ont montré le 24 février. L’association Peuples et Cultures a eu l’initiative de ce projet avec l’INJS. La mairie de Paris a demandé à ce dernier de collaborer avec des écoles étrangères. L’école Margarethe von Witzleben à Berlin, a accepté d’y participer. Cette entreprise a eu le soutien financier et pédagogique du centre français de Berlin et l’OFAJ.

 

Démonter les préjugés

 

De nombreux préjugés sur les sourds et malentendants persistent Le premier d’entre eux, qu’on entend souvent : la communication entre sourds et entendants est impossible. Elle peut paraître difficile, certes, mais elle n’est pas impossible. Il suffit de l’aide d’éducateurs spécialisés comme Mélodie, qui travaille à l’Ecole des sourds de France mais aussi à l’INJS depuis maintenant deux ans. Il y a également Cornélia, professeur qui accompagne les jeunes allemands de l’école Margarethe von Witzleben ainsi que Mélanie, animatrice culturelle au centre français de Berlin. Toutes les trois traduisent ce qui peut se dire en français, allemand et langue des signes, toujours avec le sourire. En réalité, on devrait plutôt dire langueS des signes car, contrairement à ce que l’on peut généralement penser, il n’en existe pas qu’une. Il y a « beaucoup de différences » comme le souligne Melissa, jeune Allemande de 18 ans, entre les signes français et allemands. « Chaque pays a sa propre langue nationale» précise Mélanie. Schawn et Patryck, camarades de classes de Mélissa, précisent d’ailleurs que l’école Margarethe von Witzleben acceuille également des élèves entendants. «L’école ici ce n’est que pour des sourds. Mais certains sont en intégration, ils sont dans des classes intendantes, avec des aides sur certains cours » dit Mélodie, qui traduit les signes d’Ahmed, 17 ans. Cornelia ajoute : « Dans notre école, il y a aussi des élèves qui sont autistes, qui ont d’autres problèmes auditifs, des problèmes de prononciation. » L’intégration se fait donc dans le cadre scolaire. Et dans le monde du travail ? C’est Ahmed qui évoque le sujet en signant : « Dans les entreprises, quand on travaille, la communication peut être compliquée, du coup on peut avoir un interprète ». Il existe tout de même des métiers impossible à exercer pour des personnes sourdes ou malentendantes, « comme policier ou soldat », rappelle la seule fille du groupe. D’après elle, l’artisanat peut être une option. Elle a des exemples tirés de la situation de son petit ami, sourd également. Il a trouvé du travail dans ce secteur. Il existe donc bien quelques obstacles dans la vie d’une personne malentendante. Mais on en néglige quelques avantages : pouvoir discrètement éteindre ses appareils auditifs lorsqu’on ne veut pas entendre quelqu’un ou quelque chose (la musique bien trop forte lors d’une fête par exemple) pour Schawn et Mélissa, « La liberté de communication » pour Ahmed, « comme une ville sourde » : pas besoin de crier pour se parler à longue distance, les signes sont là pour ça. Il y a enfin « l’excuse de dire qu’on n’a pas entendu » enchaîne Patryck dans un rire contagieux. Ces jeunes, avant d’être malentendants, sont des lycéens comme les autres, avec leurs fous rires et leurs préoccupations.

 

 

Crédit photos : Hugo Vanmalle

 

 

 

 

Par Redaktion ParisBerlin le 5 mars 2018